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Saat
Takvim
Le cauchemar français en Afrique (analyse)
https://tribune-diplomatique-internationale.com/le-cauchemar-francais-en-afrique-analyse/

Le cauchemar français en Afrique (analyse)

par Mustafa Efe, président du Centre africain d’études stratégiques (AFSAM)

– I : Contexte historique

Le passé colonial français, et les motivations économiques, religieuses, sociales et politiques aux procédés assimilationnistes et jacobins, ont façonné le passé du continent africain. Il sera donc utile de jeter un bref regard sur le passé colonial de la France, notamment en Afrique. Si cette période n’est pas prise en compte, on ne pourra pas évaluer la situation actuelle, à la lumière seule des actions françaises présentes.
Avec le début de la période d’indépendance, les administrations étatiques africaines ont été transférées à des administrateurs qui étaient députés au parlement français pendant la période coloniale, ou à d’autres personnes travaillant pour l’administration coloniale, ou ayant été éduquées dans le pays colonisateur. Cela a assuré la poursuite du colonialisme français.

– Historique du colonialisme français

La domination française sur l’Afrique a une histoire qui remonte au 17ème siècle. La France a planté les graines du mouvement d’occupation et d’exploitation sur le continent en 1624 en établissant des centres commerciaux au Sénégal. Avec la création de la Compagnie française des Indes orientales en 1664, le colonialisme est devenu plus systématique. L’Empire colonial français, qui s’étendait sur une superficie de 3,5 millions de kilomètres carrés dans les années 1670, atteignait 11,5 millions de kilomètres carrés dans les années 1920.

Malgré le fait que le roi de France, François Ier, qui avait été fait prisonnier par l’empereur Charles Quint du Saint-Empire romain germanique en 1525 lors de la bataille de Pavie avait appelé à l’aide de [l’empereur ottoman] Soliman le Législateur (ou Soliman le Magnifique), et malgré le fait que de bonnes relations aient été établies entre les deux nations, et que la France doive sa survie à l’Empire ottoman; la France, après s’être renforcée, s’est attaquée à l’Empire ottoman. En 1799, Napoléon a attaqué Acre pour prendre le contrôle de l’Égypte et de Damas, et a connu sa première défaite. Napoléon a dit: « Si je n’avais pas été arrêté à Acre, j’aurais pu conquérir tout l’Orient ». Cela montre que si l’État ottoman n’avait pas arrêté la France, de nombreux pays du monde islamique, et même du continent asiatique jusqu’à à l’Extrême-Orient, auraient pu devenir des colonies françaises, comme ce fut le cas en Afrique.

Alors que l’État ottoman avait commencé à perdre de son pouvoir, la France a occupé l’Algérie en 1830. Cette invasion marque le début des invasions de la France en Afrique du Nord.

Pendant la Première Guerre mondiale, 1 million de soldats africains ont combattu dans l’armée française.

Pierre Savorgnan de Brazza, un citoyen français d’origine italienne, fondateur de la colonie française ouest-africaine moderne, était un explorateur de l’ère coloniale. Brazzaville, la capitale de la République du Congo, porte notamment son nom.

Élargissant l’arrière-pays algérien avec le traité franco-britannique de 1890, la France l’a transformé en une région où se rejoignent la région du bassin du Lac Tchad et le territoire français-africain. Avec la note du 30 octobre 1890, l’État ottoman a tracé les limites du Sahara turc. La Libye, qui est à l’ordre du jour actuellement, était en fait au centre de la lutte franco-ottomane à cette époque. Selon la note turque du 30 octobre 1890, l’arrière-pays libyen ottoman incluait la Libye, le Soudan, l’Égypte, le Tchad, l’ouest de l’Éthiopie, le Soudan du Sud, la région centrafricaine, le nord du Cameroun, le nord et à l’est du Nigéria et une région constituée du Niger pour sa moitié. L’État ottoman, en réaction aux attitudes agressives de la France, a fait état de ses droits au nord du Congo et à l’est du Niger en 1885. La note remise à la France le 12 mars 1902 confirme cette situation. Malgré toutes les luttes que l’Ottoman a menées, il n’a pas pu empêcher les activités coloniales de la France sur le continent africain.

Pendant la traite transatlantique des esclaves, environ 5 300 000 Africains ont été réduits en esclaves en Sénégambie, en Afrique occidentale et centrale, et emmenés dans les Caraïbes, en Haïti, c’est-à-dire dans les colonies françaises du nouveau monde, dans des navires français. Les puissances coloniales ont convenu de ne pas se battre entre elles. De plus, elles ont collaboré pour qu’une possession perdue par une puissance coloniale puisse être récupérée par une autre puissance coloniale. Elles ont, par exemple, forcé les pays qu’ils avaient exploités afin de les faire enseigner en anglais dans les anciennes colonies françaises et en français dans les anciennes colonies anglaises. Cette situation perdure aujourd’hui. Par exemple, quelle langue le Rwanda remplace-t-il en prenant des mesures pour se débarrasser du français? L’anglais, qui est aussi une langue coloniale …

– Colonialisme français et génocides en Afrique

Les Français ont exploité une grande partie de l’Afrique de l’Ouest et centrale pendant des siècles. La France a établi des formes d’administration directes pendant la période coloniale et a suivi des politiques d’assimilation en essayant d’établir son propre système de culture et de valeurs. Elle a structuré les colonies d’Afrique de l’Ouest en « Afrique occidentale française (AOF) » et celles d’Afrique centrale en « Afrique équatoriale française (AEF) ». La France a poursuivi une stratégie visant à mettre en conflit les tribus pour gérer plus facilement leurs colonies en Afrique. De plus, pour briser la résistance des peuples, comme par exemple avec le drapeau du Congo français, la France a utilisé un drapeau similaire au drapeau ottoman, constitué d’un « croissant et une étoile ».

Les élites africaines, qui ont grandi dans les anciennes colonies françaises, ont soutenu que le colonialisme était bon et que les colonies ne devaient pas être indépendantes. Le colonialisme avait pénétré jusqu’à dans l’âme des Africains et un « EuroAfricisme » avait émergé, qui s’opposait à l’indépendance. Ce concept a été introduit en 1927 par un Français du nom de Guernier, auteur du livre « L’Afrique, champ d’expansion de l’Europe », (publié en 1933, ndlr].

Blaise Diagne, président du premier congrès panafricain en 1919 et député sénégalais à l’Assemblée nationale française, avait déclaré: « Nous, autochtones […] voulons rester français. Parce que la France nous a donné toutes sortes de libertés et nous a traités comme ses propres enfants sans aucune discrimination. Personne ne veut que l’Afrique française soit laissée aux seuls Africains, comme certains le souhaiteraient. L’élite française ne permettrait pas les théories révolutionnaires qui exigent la séparation et l’indépendance, ce qui contreviendrait au calme et à l’ordre, qui sont essentiels pour la sécurité de tous ».

Léopold Sedar Senghor, qui était le [premier]président du Sénégal entre 1960 et 1980, a également soutenu que la voie la plus appropriée et souhaitée pour son pays était une union au sein de l’Empire français et que les problèmes de l’empire était également ceux des colonies. Parmi l’élite africaine certains siégeaient à l’Assemblée nationale française.

Les membres d’une même tribu ont été séparés entre différents États avec des frontières artificielles établies par les États coloniaux. Cette situation a provoqué des conflits entre de nombreux pays africains après l’indépendance. Par conséquent, d’autres dirigeants, à l’exception d’Ahmed Sekou Touré, ont accepté une indépendance au sein de l’Union française, que Frantz Fanon (1925-1961) a qualifiée de « fausse indépendance ».

Comme exigence du nouveau monde capitaliste fondé après la Seconde Guerre mondiale, la France n’a accepté que « l’indépendance sur papier » de ses colonies, et à certaines conditions . La Guinée a rejeté l’indépendance conditionnelle; d’autres pays africains ont accepté. Mais la France a sécurisé ses relations avec les pays africains et signé des « accords de coopération » contraignants notamment sur la monnaie coloniale française (franc africain), le système éducatif français, le cadre des relations militaires et commerciales. De plus, elle a obligé les nouveaux pays «indépendants» à payer les infrastructures construites par la France pendant la période coloniale. 14 pays africains, anciennes colonies françaises, paient des impôts coloniaux à la France depuis leur indépendance. Alors que la France a dû s’excuser pour les richesses qu’elle a pillées en Afrique, et malgré les millions qu’elle a asservis ou tués, le chaos social sans fin qu’elle a provoqué et les génocides qu’elle a causés, elle continue de percevoir des impôts pour ce qu’elle fait.

La France a en effet joué un rôle dans de nombreux génocides sur le continent africain, et coopéré ou fourni des armes à des forces génocidaires. La France a tué des millions d’Algériens pendant la période d’exploitation et d’occupation en Algérie, qui a duré 132 ans depuis 1830, indirectement par déportation, directement par balle ou par le feu dans des fours à chaux. Plus d’un million de personnes ont été tuées entre 1945 et l’indépendance.
Les unités militaires françaises qui ont participé aux «opérations d’aide humanitaire (!)», lors du génocide des Tutsis par des Hutus au Rwanda en 1994, ont directement soutenu ce génocide. En outre, la France a fourni des armes, des renseignements, une stratégie, un soutien à la formation militaire au génocide et a déterminé la « liste des personnes à tuer ». Les massacres ont fait près d’un million de morts.

Le nombre de personnes tuées en Tunisie, au Sénégal, au Niger, en Mauritanie, au Cameroun, au Burkina Faso, au Gabon, en Guinée et au Bénin reste encore inconnu.

La France, comme d’autres puissances coloniales, a visé les leaders et les universitaires qui dirigeaient la société. Elle a, par exemple, tué 400 érudits lors d’un symposium islamique en 1917 au Tchad.

– II : Nouveau colonialisme

Lors de son retrait des colonies africaines, la France leur a imposé deux conditions : la première était que le français fût la langue officielle et la langue d’enseignement des ex-colonies, et la seconde, que l’enseignement public fût rendu obligatoire. Bien entendu, cet enseignement se déroulerait en français. Les établissements d’enseignement ont été façonnés de la manière souhaitée par la France, de l’enseignement primaire à l’université. Par exemple, lorsque le Tchad a obtenu son indépendance, le pourcentage de ceux qui parlaient le français au Tchad était d’environ 2%.

La France a créé la « Communauté des pays francophones » pour empêcher les anciennes colonies de rompre avec la France. Le centre des pays francophones, l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) est située dans la capitale française, Paris. L’Afrique est le continent avec le plus grand nombre de personnes francophones au sein de la Communauté des pays francophones. Près de 100 millions de personnes parlent français sur le « continent noir ». La langue officielle de 27 des 54 pays africains est le français. Un organisme de diffusion de la langue et de la culture françaises appelé « Francophonie » a été créé sous la tutelle du ministère français des Affaires étrangères, avec divers satellites et institutions affiliées. La France a des organismes de presse et de radiodiffusion diffusant pour l’Afrique. Des journaux, des magazines, des chaînes de télévision et de radio influencent [l’opinion publique] pour protéger les intérêts français.

Les pays qui sont d’anciennes colonies françaises doivent protéger les intérêts français et donner la priorité aux entreprises françaises dans les appels d’offres publiques. Les entreprises françaises sont prioritaires dans l’attribution des projets publics. Cependant, si nécessaire, ces pays peuvent se tourner vers d’autres sources.

Les Africains, pendant des années, devaient voyager avec Air France ou British Airways pour aller dans d’autres pays du monde. Lorsqu’un citoyen des anciennes colonies françaises voulait se rendre dans un autre pays que la France, il devait quand-même passer par Paris. Après que les compagnies aériennes de différents pays ont renforcé leurs flottes, les Africains ont commencé à utiliser des routes nouvelles et ont découvert l’existence d’autres pays que la France. Aujourd’hui, Turkish Airlines vole vers 53 destinations sur le continent africain. Désormais, tous les transferts sont effectués via Istanbul. Cela est une des motivations derrière les attaques sévères de la France vis-à-vis de la Turquie.

Dans la plupart des anciennes colonies françaises, les grands atouts économiques des pays sont tous détenus par des Français. Par exemple, en Côte d’Ivoire, les entreprises françaises contrôlent en tant que propriétaires tous les principaux services tels que l’eau, l’électricité, le téléphone, les transports, les ports et les grandes banques. Il en va de même pour le commerce, la construction et l’agriculture.

Les courants appelés « occidentalisation » et « modernisation », qui sont utilisés comme des nouvelles méthodes françaises de colonialisme, n’ont su que provoquer une dégénérescence dans ces sociétés. La France a également fait fonder des écoles islamiques, qui seraient en somme sous son contrôle, afin de façonner la pensée religieuse et de briser la résistance des musulmans. Des chaînes de musique pop qui diffusent des émissions obscènes ont été créées pour corrompre ou pervertir les sociétés africaines, et ces chaînes sont diffusées 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. On a voulu abattre la communauté musulmane avec l’alcool rendu disponible par les administrations locales, le retrait du hijab pour les femmes africaines sous le nom de la mode, et en encourageant la culture pop. En conséquence, une nouvelle société a émergé, qui maintenant boit aisément de la bière « Castel » et mange son sandwich à la viande de porc, célébrant la fête du sacrifice dans des bars et des clubs, et considérant cela comme normal. Dans le cadre des célébrations de l’Aïd al-Adha, des artistes pop amenés dans les grands stades donnent des concerts. La dégénérescence culturelle, la corruption dans l’islam et dans la culture africaine sont [désormais] considérées comme normales.

Le Président français, Emmanuel Macron a appelé à fermer une page de l’histoire, affirmant que le colonialisme avait été une « faute de la République ». En visite en Côte d’Ivoire, ancienne colonie de la France pendant de nombreuses années, Macron a déclaré dans son discours que son pays était perçu comme une puissance coloniale et que c’était une erreur pour son pays de tomber dans les pièges du colonialisme. Notant que l’Afrique est un jeune continent en termes de population, le Président français a déclaré : « Les trois quarts de votre pays n’ont jamais connu la colonisation ». Macron a invité la génération de jeunes africains à établir une nouvelle relation d’amitié avec son pays.

En trompant les Africains, Macron utilise le dernier argument du modèle néo-colonial à bout de souffle. Cet argument est l’appel à « ouvrir une nouvelle page » en assumant l’erreur, la faute, le crime. Une fois la nouvelle page ouverte, et les anciennes pages enfouies dans l’oubli, l’exploitation pourra continuer. Les questions des millions de personnes asservies par la France, des ressources souterraines pillées et des artefacts historiques, ne seront plus abordées.

Une autre intention derrière l’invitation de Macron à la jeune génération africaine à établir une nouvelle « relation d’amitié » avec son pays est d’exploiter la jeunesse du continent africain. La France a lancé un programme de renforcement de son contingent militaire avec la jeunesse camerounaise. Ce programme a provoqué la réaction du peuple camerounais. Selon les conditions de candidature au programme, les jeunes camerounais, hommes et femmes, qui disposent d’un rapport de santé d’un médecin militaire, et maîtrisant le français, pourront participer au programme après les élections. Cette initiative de l’École des officiers français a été interprétée ainsi : « Mêmes les jeunes qui mourront pour elle, la France les choisit en Afrique. » Les Camerounais ont scandé que le pays avait besoin d’ingénieurs et de techniciens bien formés pour se développer, et que le Cameroun ne se développerait pas « en mettant ses jeunes au service de la France ». Les Camerounais ont dit : « N’y a-t-il pas, en France, assez de jeunes Français pour mourir? Macron doit avoir plus d’enfants pour nourrir son armée. Les enfants d’Afrique, les Africains travailleront pour l’Afrique tant qu’ils ne seront pas assez stupides pour ne pas voir que les Français préfèrent protéger leurs propres enfants et envoyer ceux du Cameroun à la mort. « 

La France supprime les voix, ou fait démettre de leur poste, les Africains qui perçoivent et signalent que la France exploite toujours l’Afrique. Après avoir demandé à la France de mettre fin à la taxe coloniale, l’ambassadeur aux États-Unis de l’Union africaine, le diplomate zimbabwéen, le professeur Arikana Chihombori-Quao a été limogé par le président de l’Union africaine, le Tchadien, Moussa Faki Mahamat, juste après que celui-ci a rencontré Macron.

– La monnaie coloniale : le Franc

Le continent africain est un continent où les monnaies retirées du marché, sont encore valables. La monnaie appelée Franc n’existe même plus en France. Mais elle existe en Afrique. La France veut perpétuer ce système démoniaque, basé à Paris, où le pouvoir d’achat [d’Africains] est déterminé à Paris, et la monnaie Franc imprimée à Chamalières continue d’être valable dans ses anciennes colonies. Les Francs utilisés en Afrique sont imprimés près de la ville française de Lyon. La France a créé des banques centrales distinctes, par région, comme l’Institut d’Émission des Départements d’Outre-Mer, l’Institut d’Émission d’Outre-Mer [pour la région du Pacifique, ndlr], la Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest, la Banque des États de l’Afrique Centrale. Il y a des figures africaines adaptées à chaque pays sur les francs imprimés pour les pays africains (tels que les francs centrafricains, les francs d’Afrique de l’Ouest).

Conformément aux termes de l’accord portant à la création de la Communauté financière africaine (CFA), la Banque centrale de chaque pays africain est tenue de conserver au moins 85% [ce chiffre peut varier selon la région, ndlr] de ses réserves de change dans un « compte d’opération » à la Banque centrale française affiliée à la Banque de contrôle des finances. Les pays africains n’ont pas accès à cet argent. La France ne leur permet d’accéder qu’à 15% de cet argent en un an. S’ils ont besoin de plus, ils doivent emprunter de l’argent supplémentaire au Trésor français, de leur propre 85% de dépôts. Le fait que la France fixe également une limite au montant que les pays peuvent emprunter à la réserve rend les choses vraiment tragiques. Le plafond a été fixé à 20% des recettes publiques de l’année précédente. Si les pays demandent plus de 20% de leur propre argent, la France a le droit de veto.

La France détient les réserves nationales de 14 pays africains depuis 1961: Bénin, Burkina Faso, Guinée-Bissau, Côte d’Ivoire, Mali, Niger, Sénégal, Togo, Cameroun, République centrafricaine, Tchad, Congo-Brazzaville, Guinée équatoriale et Gabon. Les pays africains doivent également déposer leurs réserves monétaires nationales auprès de la Banque centrale française. Le Trésor français gagne environ 500 milliards de dollars de revenus et profits chaque année en provenance d’Afrique. En conséquence, la France ne veut pas sortir du système monétaire colonial. Les dirigeants africains qui ont tenté de s’opposer à ce système ont été tués ou renvoyés par coups d’État. Et ceux qui obéissent sont généreusement récompensés par la France. Maintenant, la France fait tout pour combattre quiconque veut faire la lumière sur ce côté sombre de son ancien empire.

15 pays membres de la Communauté Économique de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ont annoncé que d’ici juillet 2020, ils passeraient à la monnaie commune et utiliseraient la devise qu’ils ont nommée ECO, avec le retrait du franc CFA, la monnaie coloniale française, datant de la période coloniale, et vieille de 74 ans. Le Président de la Côte d’Ivoire, Alassane Ouattara, lors de la conférence de presse conjointe avec le Président Macron, à Abidjan, la plus grande ville de la Côte d’Ivoire, a déclaré que les 8 pays de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) qui utilisent le franc CFA depuis 1945, ont décidé de réformes, et qu’ils ne l’utiliseraient plus à partir de l’année prochaine. « Les pays de l’UEMOA quitteront le franc CFA et passeront à la monnaie ECO », a souligné Ouattara. Ces 8 pays géreront également la nouvelle monnaie en coupant leurs liens techniques avec la Banque centrale française et sa trésorerie. Ouattara a noté que la valeur de l’ECO serait adossée à l’euro [par un régime de change lié, ndlr], tout comme c’était le cas avec le franc CFA. Notant que le franc CFA est un outil important à ce jour, le Président Ouattara a déclaré : « Mais nous devons faire des réformes plus ambitieuses et maintenir le pouvoir d’achat de nos peuples afin de renforcer notre grande dynamique. » Dans son évaluation, Macron a également décrit les mesures prises comme une « réforme historique ». Dans le cadre du système ECO, la France retirera également ses représentants de la Banque centrale ouest africaine (BCEAO), de la commission bancaire et du conseil de politique monétaire. La pratique consistant à conserver 50% des réserves monétaires des pays africains à la Banque centrale de France serait également abolie. En revanche, la France resterait le pays garant en cas de crise. Si les pays utilisant ECO n’étaient pas en mesure de payer leurs importations, la France effectuerait ces paiements, mais serait également éligible au retour au conseil de politique monétaire. Il a été déclaré que la condition de parité fixe [ou régime de change lié, ndlr] pourrait être modifiée au fil du temps.

Les 14 pays africains membres de l’UEMOA et de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC) utilisent deux types de francs CFA depuis la période coloniale. Mais les maîtres coloniaux ont parlé entre eux et changé cela. Les pays étant d’anciennes colonies britanniques, tels que le Nigeria, le Ghana, la Gambie, la Guinée, le Libéria et la Sierra Leone ont déclaré leur retrait de l’ECO. Si cela s’était réalisé, alors cela aurait été le tournant dans les relations de la France avec l’Afrique. Pour l’instant, la France a empêché les pays ouest-africains de quitter le Franc CFA et de refuser de passer à la devise appelée ECO.

La création d’unions régionales en Afrique est une manipulation française pour empêcher la création des États-Unis d’Afrique. Ainsi, faire de l’ECO la monnaie de cette union régionale serait apporter de l’eau au moulin de la France. La monnaie la plus adaptée pour l’Afrique est l’AFRO.

L’AFRO a été proposé par le chef d’État de la Libye, Mouammar Kadhafi, comme la seule monnaie à être utilisée parmi les pays africains. Kadhafi essayait d’établir toute la structure institutionnelle requise à cet effet. Il s’agit notamment de la Banque africaine d’investissement [ne pas confondre avec la Banque africaine de développement (BAD), ndlr] située à Syrte, en Libye, le Fonds monétaire africain établi à Yaoundé, la capitale du Cameroun, en 2011 avec un capital de 42 milliards de dollars, et la Banque centrale africaine située à Abuja. Dès le début de la tourmente en Libye, ces trois projets principaux, qui sauveraient l’Afrique du système capitaliste sauvage mondial et qui seraient les dernières touches de la création de la Fédération africaine, ont été bloqués en raison du gel des 30 milliards de dollars détenus par la Banque centrale libyenne, par le Président américain, Barack Obama. Lorsque la Banque centrale africaine commencera à imprimer de l’argent, elle s’éloignera du système que la France institue dans certains pays africains depuis près de 80 ans. Car lorsque le franc ouest-africain et le franc centrafricain cesseront d’être monnaies courantes, la France perdra tout contrôle. Par conséquent, on peut comprendre que la France s’attaque brutalement à ceux qui interviennent à son encontre dans le dossier libyen. Avec seulement 25 milliards de dollars de capital, le Fonds monétaire africain sauverait les pays africains de leur génuflexion devant le Fonds monétaire international. De plus, le FMI pourrait être empêché de forcer les pays africains à privatiser leurs atouts et richesses. La motivation la plus importante pour l’intervention française en Libye a été que Kadhafi tentait de réveiller les pays africains.

– Le pillage par la France des minerais en Afrique

Des organisations de la société civile parrainées par la France organisent des programmes et des manifestations dans le monde entier pour défendre le danger et la nocivité des centrales nucléaires. Mais il existe aujourd’hui 59 centrales nucléaires en France. L’uranium de ces centrales nucléaires provient de la région d’Agadez au Niger, et ces dernières années du Mali. Six mille camions transportent des scories de mine d’uranium de la région d’Agadez au Niger jusqu’à la capitale et le port du Togo, Lomé.

L’uranium a été découvert au Niger pour la première fois par le Bureau Minier de la France d’Outre-Mer un an avant la création de la République du Niger en 1957. La France a suivi les recherches approfondies menées par le Commissariat à l’énergie atomique (CEA), qui ont commencé en 1956 et ont abouti à de nombreuses découvertes à la veille de l’indépendance en 1960.

Pour ainsi dire, le colonialisme réussi de la France en Afrique a été réalisé à travers des accords secrets militaires, et des accords sur les ressources, ainsi que la création de ses régions monétaires. Ces accords, qui protègent les intérêts de la France, ont été mis en œuvre, par exemple, avec des dirigeants tels que Gnassingbé Eyadéma et Omar Bongo, au Togo et au Gabon respectivement, et des « gouverneurs locaux » de l’élite en Côte d’Ivoire, tels que Félix Houphouët-Boigny. La France a non seulement un accès prioritaire aux ressources stratégiques, mais la présence de bases militaires françaises dans les anciennes colonies est également légitimée, et les positions des dictateurs poussés à l’alignement le sont aussi. Depuis les années 1960, 27 accords ont été signés par d’anciennes colonies, dont le Niger. La France a le droit d’acheter toute ressource naturelle de ses anciennes colonies, et seulement après que la France a dit « je ne suis pas intéressée », les pays africains sont autorisés à chercher d’autres partenaires. Aujourd’hui, [la France] dispose sur le continent africain, d’environ 1 100 grandes entreprises et filiales, ainsi que de 2 109 sous-traitants locaux.

– III : les « opérations  » politiques et militaires

Alors que la France s’est retirée avec réticence de ses colonies, elle a constitué toutes les voies nécessaires pour continuer l’exploitation dans la période post-coloniale. Elle a tué ceux qui y résistaient, comme Thomas Sankara, leader du Burkina Faso. Son compagnon, Blaise Compaoré, a mené un coup d’État contre Sankara, citant les relations tendues avec la France, et Sankara a été assassiné.

Au cours des 50 dernières années, 67 coups d’État ont eu lieu dans 26 pays d’Afrique. 16 de ces pays sont les anciennes colonies de la France. 61% des coups d’État ont eu lieu en Afrique « francophone », soit 45 des 67 coups d’État ont eu lieu dans les anciennes colonies françaises. Lors de ces coups, des loges maçonniques françaises ont également joué un rôle actif.

Lorsque la Guinée, avec Sékou Touré, a décidé de quitter l’empire colonial français en 1958 et d’accéder à l’indépendance, l’élite coloniale française à Paris, dans un geste de colère historique, a tout détruit dans le pays. Trois mille Français ont quitté le pays, pris tous leurs biens et détruit tout ce qui ne pouvait pas être déplacé. Les écoles, les cliniques et les bâtiments de l’administration publique ont été rasés; les voitures, les livres, les outils des instituts médicaux et de recherche et les tracteurs ont été détruits; les chevaux et les vaches ont été tués dans les fermes; et dans les entrepôts, la nourriture a été brûlée ou empoisonnée.

Le but d’une telle réaction de la France était d’envoyer un message clair à toutes les autres colonies que les conséquences d’un rejet de la France seraient trop chères. La peur s’est lentement répandue parmi les élites africaines et, après les événements en Guinée, aucune d’entre elles n’a montré le courage de suivre l’exemple d’Ahmed Sékou Touré, qui avait déclaré : « Nous préférons la liberté dans la pauvreté à la richesse dans l’esclavage. »

Sylvanus Olympio, premier Président de la République du Togo, petit pays d’Afrique de l’Ouest, a trouvé une solution à mi-chemin avec les Français. Il ne voulait pas que son pays continue d’être sous la domination française. Il a donc refusé de signer la continuation du traité colonial proposé par De Gaulle. Mais il a accepté de payer une somme annuelle à la France pour les avantages obtenus par le Togo pendant la période coloniale. Cependant, le montant fixé par la France était si important que le remboursement de la « dette coloniale » représentait près de 40% du budget du pays en 1963. La situation financière du nouveau Togo indépendant était très instable. Pour se débarrasser de cette situation, Olympio a décidé d’abandonner la monnaie coloniale française, le Franc CFA (Colonies françaises d’Afrique), et d’imprimer la propre monnaie de son pays. Trois jours seulement après que le Président élu du pays africain nouvellement indépendant, Sylvanus Olympio a commencé à imprimer sa monnaie, le 13 janvier 1963, il a été tué par un ancien sergent des légionnaires étrangers français nommé Etienne Gnassingbé Eyadema, soutenu par la France. Eyadema a reçu une récompense de 612 dollars de l’ambassade de France.

Le 30 juin 1962, le premier Président de la République malienne, Modibo Keïta, décide de se retirer de la monnaie coloniale française, le Franc CFA, qui devint la monnaie de 12 pays africains nouvellement indépendants. Comme Olympio, Keïta a été victime d’un coup d’État, perpétré par le lieutenant Moussa Traoré, un autre ancien légionnaire étranger français, le 19 novembre 1968.

En somme, au cours de la période où l’Afrique a voulu se débarrasser des pays colonisateurs européens, la France a utilisé à de nombreuses reprises des anciens de la légion étrangère pour mener des coups d’État contre les Présidents élus. Le 1er janvier 1966, Jean-Bédel Bokassa, ancien légionnaire étranger, a mené un coup d’État contre David Dacko, le premier Président de la République centrafricaine. Le 3 janvier 1966, Maurice Yaméogo, premier Président de la République de Haute-Volta désormais appelée Burkina Faso, est victime d’un coup d’État d’un ancien légionnaire de la France, Aboubacar Sangoulé Lamizana qui combat l’indépendance de ces pays au sein des troupes françaises. Mathieu Kérékou, l’agent de sécurité du Président, a mené un coup d’État contre le premier Président de la République du Bénin, Hubert Maga, le 26 octobre 1972. Yaméogo avait été formé dans des écoles militaires françaises de 1968 à 1970.

– Présence militaire de la France en Afrique et terrorisme

Avec les accords intervenus lors du retrait de la France des pays qu’elle exploitait, elle avait le droit de déployer à l’avance ses troupes, et d’intervenir dans les ex-colonies pour défendre ses propres intérêts. Ainsi, dans de nombreux pays africains, avec trois hélicoptères et un groupe de soldats, elle a mené des coups d’État, ou affirmé les avoir empêchés, et la France a ainsi revendiqué de nouveaux privilèges dans ces pays.

Avec ces accords appelés « accords de défense » attachés au Pacte colonial, la France dispose du droit légal pour une intervention militaire dans les pays africains et pour déployer des troupes sur des bases militaires et des installations militaires en Afrique. En raison de ces conditions, de nombreux pays africains sont comme des entreprises gérées entièrement par les Français. Il y a actuellement environ 70 000 soldats français en Afrique. Certains d’entre eux sont les forces de guerre qui servent de soi-disant « force de paix » dans les missions des Nations unies (ONU). Pendant la Guerre froide, la France était appelée « gendarme de l’Afrique ». La France a effectué au total 130 interventions militaires sur le continent africain entre 1945 et 2005.

Lorsque le Président ivoirien, Laurent Gbagbo a tenté de mettre un terme à l’exploitation de son pays par la France, la France a organisé un coup d’État. Dans le long processus de renversement de Gbagbo, la France est directement intervenue dans les affrontements; et avec des chars, des hélicoptères et les forces spéciales, elle a ouvert le feu sur les civils, et a ainsi tué de nombreux civils. Après que la France a réussi son coup d’État et placé Alassane Ouattara au pouvoir, elle a demandé au gouvernement Ouattara de compenser les pertes des entreprises françaises pendant la guerre civile. Effectivement, le gouvernement Ouattara a payé deux fois plus pour les pertes françaises de cette guerre que lors de l’indépendance ivoirienne.

En général, les pays africains sont des pays disposant de moins d’alliances militaires régionales. La plupart des pays africains n’ont des alliances militaires qu’avec leurs anciens colonisateurs. La France a interdit à ses anciennes colonies de rechercher d’autres alliances militaires que les siennes. Les pays qui sont d’anciennes colonies françaises ne peuvent s’engager dans aucune alliance militaire avec un autre pays sans l’autorisation préalable de la France.

Les pays africains ont l’obligation de s’allier avec la France en cas de guerre ou de crise mondiale. Ainsi, plus d’un million de soldats africains se sont battus contre les Allemands pour les Français pendant la Seconde Guerre mondiale. Bien que leur contribution soit souvent négligée ou minimisée, étant donné qu’il n’a fallu que six semaines à l’Allemagne pour vaincre la France en 1940, la France sait que les Africains peuvent être utiles à l’avenir pour se battre pour « la Grandeur de la France ».

La France a construit le post-colonialisme grâce à des bourses d’études trompeuses, des subventions et des « accords de défense » qu’elle a ajoutés au pacte colonial. Bien entendu, tout le matériel militaire doit également être acheté auprès de la France. Les Africains doivent envoyer leurs officiers supérieurs suivre une formation en France ou dans des centres de formation gérés par les Français. C’est la principale tragédie du continent : la France forme et nourrit des milliers d’Africains qui trahissent l’Afrique. Ces Africains sont en veille lorsqu’ils ne sont pas nécessaires, et agissent immédiatement en cas de besoin, pour un putsch ou pour tout autre but.

La France a pris sa revanche historique en bombardant la Libye en 2011. En 2017, elle avait placé trois mille soldats au quartier général de la ville de Gao au Mali et à Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso, pour les utiliser dans l’occupation de la Libye. Aujourd’hui, la France et d’autres pays occidentaux soutiennent le putschiste Khalifa Haftar qui tente de renverser le gouvernement légitime en Libye, avec le soutien de nombreux pays, notamment l’Égypte, les Émirats arabes unis, les États-Unis et la Russie.

Les bases militaires de la France terrorisent les pays de toute l’Afrique. Dans les pays que la France veut occuper (comme au Mali), des organisations terroristes « islamiques » émergent et se saisissent des mines d’uranium [et autres ressources, ndlr] des pays. La France utilise le terrorisme pour intervenir dans les pays africains. Elle fournit des armes aux organisations terroristes, et simultanément, cherche à extorquer des richesses en faisant pression sur les pays, disant qu’elle aide les pays africains à détruire ces mêmes groupes terroristes. Ces dernières semaines, des armes (envoyées aux terroristes de Boko Haram), cachées à l’intérieur d’un conteneur pour le compte d’une organisation française, ont été saisies par les douaniers nigérians.
Le Président français, Emmanuel Macron rend visite aux soldats français dans les pays d’Afrique de l’Ouest pour lutter contre le terrorisme, chaque année à Noël. En décembre 2017, il s’est rendu à Niamey, la capitale du Niger, à N’Djamena, la capitale du Tchad en décembre 2018, et en Côte d’Ivoire cette année. La France menace les pays ouest-africains de terrorisme, de dépenses pour la sécurité plutôt que pour le développement. Bien sûr, cette situation ne peut pas continuer ainsi.

– Conclusion

Il existe une situation quasi psychopathologique dans les relations de la France avec l’Afrique. Premièrement, la France est fortement tributaire du pillage et de l’exploitation de l’Afrique depuis l’esclavage. Deuxièmement, il y a un grave manque de créativité et d’imagination de l’élite française qui ne pense pas au-delà des méthodes traditionnelles du passé.

Enfin, la France dispose de deux institutions entièrement figées dans lesquelles les « haut fonctionnaires » paranoïaques et psychopathes face à un éventuel changement de la France, se réfèrent à une idéologie provenant de la romance du 19ème siècle,: le[s] ministère[s] des Finances et du Budget, et le ministère des Affaires étrangères. Ces deux institutions sont une menace non seulement pour l’Afrique, mais aussi pour les Français. Dans les pays qui en sont affectés, on peut noter des structures similaires au structures jacobines et chaotiques.

Les pays vivant dans des conditions économiques extrêmement mauvaises en raison de l’exploitation historique de leur patrimoine par la France, ont besoin de l’aide étrangère. Aujourd’hui, malgré tous les efforts de la Turquie sur le continent africain, malheureusement, elle n’a pu établir qu’une influence limitée, et comme susdit, cela est essentiellement dû à la dépendance coloniale prolongée. Aucun pays africain ne peut établir de coopération militaire avec la Turquie. La coopération en matière d’éducation militaire est possible, mais aucune opération conjointe ne peut être menée. La raison principale des progrès importants réalisés sur l’aide humanitaire apportée par la Turquie est que la voie lui a été ouverte pour ce faire. Parce que les colonisateurs n’ont pas de considérations et priorités telles que l’aide humanitaire, et parce qu’ils voient cela comme une corvée, les institutions officielles de la Turquie et les organisations turques de la société civile sont influencées, par le biais de rapports préparés par les organisations manipulatrices comme OXFAM, à apporter de l’aide humanitaire.

La libération de l’Afrique semble peu probable à court terme. Seuls les Africains peuvent libérer l’Afrique, et sans demander la permission de quiconque. Parce qu’il est vraiment difficile de comprendre comment 450 soldats français encore présents en Côte d’Ivoire peuvent contrôler une population de 20 millions d’habitants.

Comme le montrent les données financières, le nombre de coups d’État, le nombre de bases militaires et de soldats, la France est tout à fait désespérée; mais quel qu’en soit le prix, elle utilise toutes sortes de moyens pour garder ses colonies. « Sans l’Afrique, la France tomberait au rang des pays du tiers monde », avait déclaré l’ancien Président français, Jacques Chirac. Le prédécesseur de Chirac, François Mitterrand, avait déclaré en 1957 : « Sans l’Afrique, la France n’aurait pas d’histoire au 21ème siècle. » Les intérêts de la France sur le continent se sont concrétisés à travers la politique africaine de la France, dite « Françafrique », issue de l’époque de De Gaulle. Cette politique consistait en des lobbies d’entreprises et de renseignement, des réseaux étroitement liés à l’État, comme Elf et Areva, et des dictateurs soutenus par la France. Pas plus tard que la semaine dernière, Macron, décrivant la période coloniale comme une « faute de la République », s’efforçait en Côte d’Ivoire d’avoir l’air mignon pour les pays africains et à garder l’ordre colonial intact et inchangé.

Les dirigeants africains sont souvent accusés de corruption et de servir les intérêts des nations occidentales. Cependant, ils se sentent obligés d’agir de cette façon. Parce qu’ils craignent, que s’ils ne le font pas, d’être tués ou destitués. Par conséquent, ils veulent qu’un pays occidental fort les soutienne. Bien sûr, ce soutien a un prix. Ce prix est le transfert des richesses du pays colonisé vers les pays occidentaux. Les dirigeants africains pourront travailler dans l’intérêt de leur peuple lorsqu’ils ne seront pas constamment poursuivis par les pays coloniaux, et qu’ils ne seront pas renversés par des coups d’État ou des moyens similaires.

Bob Marley demande dans la chanson « Redemption » : « Combien de temps vont-ils tuer nos leaders pendant que nous nous tenons à l’écart? Jusqu’à quand? » et Marley dit : « L’Afrique est un continent tué par l’impérialisme occidental dans le sang des intellectuels révolutionnaires, visionnaires et patriotes. »

Aujourd’hui, les idées européennes ont été insufflées dans la tête [d’Africains] avec l’éducation coloniale des missionnaires, et la jeune génération africaine s’est éloignée des valeurs et des traditions de ses sociétés. De nombreux Africains ne peuvent pas percevoir que les troubles actuels dans leurs pays sont les résultats de ce que les pays colonisateurs ont fait dans le passé. Bien que cela puisse être une déclaration exagérée, les Africains vivent désormais sur un continent appartenant aux Européens!

Mustafa Efe, président du Centre africain d’études stratégiques (AFSAM)
  
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